Interview avec Alban Ficat
À l'occasion de la sortie du troisième et ultime modèle de la figurine Kavinsky, nous nous sommes entretenu avec Alban Ficat ( @alban_ficat ) pour discuter de son métier, de ses projets et bien entendu de Kavinsky.
L'occasion rêvée de vous rappeler qu'Alban sera à la boutique parisienne (83 rue Saint-Honoré 75001 Paris) ce samedi 18/03 de 15h à 18h pour échanger avec vous et signer vos figurines
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Peux-tu nous dire en quoi consiste le métier de sculpteur ?
La description peut être très différente selon la personne à qui cette question est posée. Mais en ce qui concerne ma situation de sculpteur de figurines de collection, mon métier consiste dans le fait de vendre à une société, un prototype découpé en plusieurs morceaux, à la façon d'un model kit, afin qu'il puisse être produit en série.
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Comment devient on sculpteur, y a-t-il des formations pour ça ?
Il existe des formations à la sculpture et au modelage classiques mais il n'y a pas vraiment de formation spécifiquement dédiée à la sculpture de figurines de collection. En tout cas pas en modelage traditionnel. Mais dans le domaine du digital, on doit pouvoir trouver sans trop de difficulté des formations à la sculpture et au chara-design sur des logiciels comme zbrush par exemple. Avant le covid, on avait mis en place avec le centre de formation Rhinocéros à Paris, des stages de création de figurines. Mais la crise sanitaire et mon planning ont rendu impossible leur poursuite. Je le regrette car j'avais pris énormément de plaisir à les diriger.
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Corto Maltese, Les Schtroumpfs, Hellboy, Lupin the third ou plus récemment Dr Doom, on peut dire que tu touches à tous les genres de bande dessinée. Est-ce que la façon d’envisager la figurine varie en fonction du trait de l’auteur original ?
La méthode reste toujours la même, et le processus créatif aussi. Ce qui change en revanche, oui, c'est le "style". Je passe toujours beaucoup de temps avant de sculpter un personnage à me plonger dans l'univers de son créateur original. Ca m'intéresse énormément de savoir comment il a fait évoluer son style et son personnage au cours du temps. Une fois que j'ai bien étudié l'évolution de ce style, je choisis la période qui me plait le plus, je repère les tics graphiques, et j'essaye de sculpter au plus près du trait de cette période.
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Si tu pouvais adapter une licence sans aucune contrainte juridique/financiere, que choisirais-tu ?
C'est difficile pour moi d'envisager cette question sous cet angle car j'ai toujours tenu à sculpter des personnages en accord avec leur créateur ou ayant-droit. Je pourrais peut-être répondre que quand j'ai commencé ce métier j'avais deux rêves, sculpter Hellboy et Sherlock Holmes (celui de Miyazaki). Mais maintenant que j'ai réussi à sculpter les deux, il va falloir que je réflechisse à quelque chose d'autre ! Gu Gu Ganmo, j'adorerais. Les joyeux loufoques du collège fou fou fou aussi ! Ou les personnages d'Over the Garden Wall !
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Quel est ton rapport à la figurine ? Es-tu toi-même un collectionneur ?
Je l'ai été. D'action figures et de jouets 80's surtout ! Je suis dingue aussi de tout ce qui touche aux Universal Monsters et à Tsuburaya Productions. Mais depuis que je vis à Paris, le manque de place m'a fait sérieusement revoir mes ambitions de collectionneur à la baisse !
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Tu as un projet atypique en cours qui s’appelle Sigurd, peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
C'est mon projet le plus épique à ce jour ! On me demande souvent si j'ai l'envie de sculpter un personnage que j'aurais créé. Partant de cette question j'ai un jour sorti de leurs cartons tous les dessins que j'avais pu faire depuis 20 ans, j'en ai sélectionné quelques uns qui m'ont servi à inventer une histoire, et je me suis attaqué à l'écriture. J'ai dessiné de nouvelles illustrations, et j'ai donc aussi sculpté Sigurd, le personnage principal. Il en résulte un conte de 60 pages, 60 illustrations, et un film sur la création de la figurine. J'en suis vraiment très fier car ce cher petit Sigurd m'accompagne depuis que je suis adolescent, et j'ai enfin trouvé la bonne manière de le faire exister. J'ai créé un compte instagram entièrement dédié au projet et sur lequel vous pouvez suivre toutes les avancées, je vais sortir ça j'espère très bientôt.
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Pour revenir à ce qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir la figurine du Dead Cruiser, comment as-tu vécu le projet ?
Ce projet est avant tout une vraie histoire d'amitié ! Entre Kavinsky et moi d'abord, puis avec Michael (co-fondateur et CEO d'Artoyz) ensuite. Ca faisait longtemps qu'on se disait avec Kavinsky qu'on voulait faire une figurine. Il est collectionneur et on adore vraiment les mêmes choses. C'est à l'occasion d'un rendez-vous avec Michael au sujet de la fabrication de la figurine de Sigurd justement, que nous en sommes venus à parler de Kavinsky. Michael et Kavinsky sont voisins, Michael voulait faire une figurine avec lui depuis longtemps, mais c'est le hasard qui nous a finalement tous réuni ! Je suis hyper heureux d'avoir fait ce projet parce qu'on a fait ça entre copains, mais pour la technicité aussi, car c'est la première fois qu'une de mes sculptures est fabriquée en vinyl. Étant collectionneur de jouets l'expérience est fantastique.
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Est ce la première fois que tu adaptes l’univers d’un artiste musical ? Et si oui est ce que l’optique change beaucoup par rapport à une œuvre dessinée ?
C'est la première fois oui. Ce qui a changé par rapport à d'habitude sur ce projet c'est que le public connait le personnage de Dead Cruiser sous plusieurs formes. Je veux dire par là qu'il n'y en a pas qu'un seul, on a dû faire une synthèse du personnage pour proposer à la fois quelque chose de nouveau car le nouvel album sortait, mais aussi de fidèle à ce que les gens ont en tête. On a eu l'aide d'Alex Garner qui a proposé un super design, et Kavinsky a ensuite dirigé le projet. Il a suivi pas à pas la sculpture et s'est vraiment impliqué à 300%, il a une idée très précise de ce qu'il veut.
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Y a-t-il eu des contraintes techniques particulières sur ce projet (design difficile à sculpter, contrainte de taille, etc.) ?
J'ai vraiment découvert sur ce projet la fabrication en vinyl. J'ai été assez surpris de voir que finalement, il n'y avait pas vraiment de contraintes particulières par rapport à la production en résine, pour ce qui est de ma partie en tout cas. Il y en a même peut être moins, car ce sont des pièces moins fragiles.
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Tu dois garder qu’une seule figurine (autre que le Dead Cruiser) de ta prolifique carrière, laquelle ?
Arf, c'est une question très difficile... Je pense que je choisirais celle que je suis en train de sculpter, et qui n'est pas encore terminée. C'est celle là qui est la plus difficile à abandonner, car le plaisir de voir naître quelque chose qui n'existait pas avant reste toujours une sensation excitante, et la curiosité de la voir finie est vraiment toujours immense. Non je rigole, celle de Sigurd bien sûr !
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Une dernière question pour la route, des trois modèles de Dead Cruiser, quelle est ta favorite ?
La black & white ! C'est moi qui ai choisi les couleurs !!
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