Interview de Lucas Beaufort
Hello Lucas, merci de nous accorder de ton temps, pour commencer, pourrais-tu nous donner les grandes lignes de ton parcours
J’ai commencé très tard à dessiner, à 27 ans. Je n’avais pas le but de devenir artiste, je ne savais même pas que c’était possible. J’ai fait un dessin pour un pote, j’avais aucune conviction, aucun but derrière. Et puis un dessin en entraîne un autre qui va entraîner une exposition et voilà…
Après, je baignais la dedans, ma mère était une artiste à ses heures perdues donc j’ai vu plein de toiles et mon père était collectionneur donc il m’amenait dans des galeries, ils me montraient des toiles qu’ils achetaient. En résumé, j’ai commencé tard, mais j’ai baigné dans un univers artistique comme je viens du milieu du skateboard qui est un milieu créatif.
À 27 ans, je commence à dessiner et c’est devenu sérieux... Enfin sérieux... Disons que j’ai tout lâché pour ca à l’âge de 33 ans, aujourd’hui, j’en ai 39. Il m’a fallu 5 ans pour convertir cette passion en travail suffisant pour pouvoir en vivre. On voit plein de gens qui ont un job et qui développent leur passion en parallèle. J’ai eu beaucoup de chance et j’ai beaucoup travaillé pour pouvoir justement éviter d’avoir un job qui me passionne peu et peindre la nuit en rentrant du travail, je suis à 100 %.
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Comment on passe du skate à l’art ?
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C’est le skate qui m’a amené vers ce que je suis aujourd’hui. Si je dois remercier un truc, c’est ma mère qui à l’âge de 13 ans a bien voulu m’emmener dans un skateshop et m’acheter une vraie planche de skate. Ce qui m’a amené par la suite à rencontrer des gens qui faisaient du skate, des artistes, des photographes, des musiciens, des écrivains. La transition s’est faite naturellement parce que j’ai baigné dans cet univers et ca m’a nourri depuis mes 13 ans quoi.
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Quels sont tes principales inspirations ?
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La base, c’est le skate, ensuite la musique. Je me demande même si je n'ai pas un truc à faire dans la musique tellement j’aime ca. La musique est synonyme d’émotion très très forte au même titre que l’art. Quand je vais dans des musées ou des expos, je peux tomber sur des œuvres qui m’ émeuvent beaucoup. Ma mère m’a amené une culture classique et de mon côté, j’écoute beaucoup de types de musiques, mais des trucs assez pointus. Il y a un groupe qui me vient qui s’appelle « explosion in the sky », on parle d’inspiration, ca c’en est clairement une. Je les ai vus à Paris juste avant le confinement en février, et j’en avais les larmes aux yeux. Ma femme était à côté de moi et m’a demandé « qu’est ce qui se passe » et elle ne ressentais pas ce que je ressentais et ca, c’est inexplicable. Moi la musique me fait monter dans des émotions et des sensations qui sont inexplicables.
Il y a aussi le voyage. Avant le covid, j’ai loué mon logement pendant 3 ans et j’ai voyagé dans le monde entier avec ma femme qui est aussi mon agent mon ami, bref, on est un binôme. On a eu la chance de voyager dans le monde entier, de faire en une année l’équivalent d’une vie de voyage. Au lieu d’un grand voyage par an, on en faisait 50 dans la même année. Afrique, Australie, Asie, Etats Unis...En fait ce qui me passionne c’est les autres. Pourquoi j’aime voyager ? Parce que je découvre des cultures, je créer des connexions avec les gens qui me font découvrir de la musique, de la gastronomie locale, leurs univers, etc.
Je suis libre dans ma tête parce que je suis artiste , je me lève à l’heure que je fais ce que je veux, mais aujourd’hui avec la pandémie, je n’ai plus cette liberté de mouvement et cette inspiration qui me venait de mes voyages.
Ces trois dernières années, je prenais 100 avions par an. La, je viens de feter les un an sans prendre un vol (rire).
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C’est quoi Gus Gus pour toi ?
Gus Gus c’est un personnage clé. Au début, t’essayes de trouver un style dans ton art, ca vient petit à petit et puis j’ai eu cette grosse inspiration venu d’un voyage en Egypte en 2018. J’ai vu beaucoup d’art égyptien, dont les hiéroglyphes qui ont donné le style de ce Gus Gus en 2D. J’ai toujours aimé la souris GusGus de Cendrillon du coup, le nom vient de là. Mi-homme mi-oiseau ca rappelle un peu l’art égyptien avec les masques, et puis Gus Gus c’est moi en fait, libre comme un oiseau, les pieds sur terre comme un homme, un passionné du monde, du partage et toujours un chapeau sur la tête.
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Pas trop dur de convertir un personnage 2D en 3D ?
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C’était une grosse problématique. Il est en 2D et je pourrais le dessiner les yeux fermés ce personnage. J’ai été beaucoup aidé par l’équipe chez Artoyz qui m’a demandé de le dessiner de face, de haut, par en dessous...T’imagine même pas j’étais incapable de l’imaginer de face. Ils m’ont dit du coup de le faire en pâte à modeler et de le photographier sous toutes les coutures. Peut-être que je montrerai les photos, mais quand tu vois la sculpture en pâte à modeler et le résultat final, tu te dis que l’équipe Artoyz a fait un miracle (rire).
Devoted est un joli documentaire sur la presse skate. Deux questions du coup : tu as prévu de retourner à nouveau un film ? Ton avis sur la presse skate?
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Je suis très dure avec moi. Je fais des choses et quelques mois plus tard, je suis très critique sur ce que je fais. Une des rares choses dont je suis fière aujourd’hui, c’est ce film. Ça a été un combat de le faire. Je n'ai pas de base dans le documentaire, je suis parti camera au poing et voilà. J’ai fait la première dans un cinéma à Los Angeles, imagine l’émotion... Ça consacre deux ans de travail à faire le tour du monde à rencontrer des légendes, mes idoles. Disons que t’es fan de formule 1. C’est comme ci, tu faisais un docu sur tous les champions de F1 et que tu avais accès à leurs maisons avec tous leurs trophées, toutes leurs histoires. J’ai voulu faire un film derrière après qu’on m’a fait remarquer qu’on voyait peu de jeunes dans mon film. Les jeunes générations n’ont pas forcément connu le print et du coup c’était très compliqué de les inclure dedans.
Pour le film suivant, je devais aller voir 5 groupes de jeunes, en Israël, en Asie, en Afrique et en France et vivre avec eux ce que c’est d’avoir 14 ans et de faire du skate. J’ai commencé par Bangkok et je suivais un jeune crew de skater. Je commence à les interviewer et j’ai été super désarçonné parce qu’ils ne me disaient rien. Quand je posais des questions pour savoir comment étaient leurs journées, ils me répondaient un mot genre « Super ». Et j’ai décidé de tout abandonner. Alors que je ne suis pas comme ça... Je le referai plus tard un jour. Peut-être que si j’avais commencé par Paris, j’aurais été plus en confiance et ça se serait mieux passé.
Concernant la presse ça me touche un peu moins, mais c’est marrant que t’en parles parce qu’en ce moment, je suis en train de travailler sur un bouquin sur les skateshops du monde entier. Le livre va regrouper 85 skateshops iconique réparti sur 27 pays, des shops qui ont 20,30 ans ! Le skate, c’est le socle de tout, du coup ce bouquin sur la fondation du skate via les skateshop ! L’avantage du livre, c’est que ça reste, tu le rouvres, le relis, c’est tangible. On m‘ a demandé pourquoi je ne faisais pas un truc en ligne, mais imagine, je fais une vidéo demain, elle va être oubliée après demain. Le livre, il va rester sur le comptoir du skateshop 5, 10, 15 ans. Je rebondis sur le sujet, mais moi, je suis de la génération VHS, à l'époque on achetait une VHS et on la regardait à 30, 40 fois par mois, on la connaissait par cœur. Aujourd’hui, tu prends une vidéo sur Thrasher, le mec met 2 ans et demi à préparer une vidéo, à se faire mal, elle sort le jeudi, le vendredi t’as déjà une nouvelle vidéo qui la remplace et c’est terminé. On devrait peut-être ralentir la cadence.
Et ensuite, quels sont tes plans ?
J’ai un milliard de trucs (rire) . J’en ai un qui me tient particulièrement à cœur, cet été, je pars avec deux potes faire 1800 bornes à vélo. On a appelé ça le Petit tout de France. On part de Normandie jusque Cannes, en vélo électrique avec la volonté de se reconnecter un peu déjà entre nous, qui avons chacun nos vies séparées mais aussi avec la France dans son ensemble à s’arrêter dans les petits villages, jouer à la pétanque l’après-midi avec les vieux. J’ai dû faire 4 km à vélo dans toute ma vie donc c’est un sacré challenge long de 3 semaines. J’espère juste ne pas faire trop d’ombre au vrai tour de France qui se déroulera en même temps (rire)
Vous pouvez retrouver le travail de Lucas Beaufort sur son site web et sur son compte Instagram !
Pour la sortie de notre nouvelle figurine, il sera présent ce samedi 06 mars 2021 dans notre boutique située au 83 rue Saint-Honoré -75001 Paris pour une séance de dédicaces exceptionnelle.
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