SWOON The Red Skein

Il fallait bien les articles et essais des plus grands critiques d’art et commissaires d’exposition du monde (Jerry Saltz, Jeffrey Deitch, RJ Rushmore, Pedro Alonzo, Judy Chicago etc.) pour donner toutes ses lettres de noblesses au travail de l’artiste SWOON, de son vrai nom Caledonia Dance Curry, à travers cette très belle monographie de  224 pages et 200 photographies publiée par Drago.

Lorsqu’il évoque le travail de collage de SWOON, la plus grande artiste femme du Street Art née en 1977 dans le Connecticut, Hans Ulrich Obrist (directeur de la Serpentine Gallery, commissaire d’exposition et critique d’art) cite Édouard Glissant, penseur de la créolité. Aborder le travail de SWOON, c’est approcher une réflexion sur l’identité comme un “archipel d’îles” pour reprendre l’image du penseur martiniquais. Une approche que complète l’auteur et physicien spécialiste des questions d’addiction Gabor Mate par l’idée du soin chez SWOON, soin que peut apporter l’art seulement lorsqu’il est un processus “conscient”.

C’est exactement ce que l’on saisit lorsqu’on tourne les pages de “SWOON, The Red Skein” : SWOON répare, reconstruit et protège. D’abord exposée à la légendaire Jeffrey Deitch Gallery, son art inspiré du travail de Banksy ou de Gordon Matta-Clark déborde rapidement les murs des institutions : collages imprimés de portraits à taille humaine aux lignes inspirées de l’expressionisme allemand et du théatre d’ombres indonésien dans les rues de Brooklyn, Manhattan, New Orleans ou Mexico, portraits grands formats en mixed media, “Swimming cities” ces constructions de matériaux récupérés qui sont des îles autant que des refuges, son travail avec des communautés comme la construction de maison “artistiques” pour les réfugiés d’Haïti,  les manucures faites a des drugs-addicts, ou la restauration d’une église abandonnée à Braddock dans la rust belt americaine en Pennsylvanie.

“SWOON The Red Skein”, avec sa mise en page soignée et délicate, est le catalogue d’une exposition hors des murs des musées, à l’échelle du monde, d’un art contemporain créé avec et pour les êtres humains qui entourent l’artiste.