JAIME HAYON TOP OF THE POP !
Entrevue avec Jaime Hayon
Présentation : quelles ont été tes études ? Quel est ton parcours professionnel ? Ton age ? Ton lieu de naissance ?
Je m’appelle Jamie Hayon. Je suis né à Madrid en Espagne en 1974, j’ai donc 30 ans. J’ai étudié le design dans des universités en Californie, à Madrid et à Paris. Je me suis spécialisé dans le design industriel.
Quel est ton job en ce moment ?
En ce moment je m’occupe de mon propre studio le Hayonstudio à Barcelone. On travaille entre l’art et le design 3D, et on crée des pièces sophistiquées en séries limitées et l’on fait également de la prod industrielle.
Je design des meubles, des intérieurs et des objets que je place sur le marché avec l’aide de galeries et d’entreprises de design.
Peux-tu nous en dire plus sur tes expositions passées, présentes et futures ?
J’ai travaillé sur tellement d’expos dans le passé, voyagé dans le monde…
La dernière expo que j’ai faite était la « Mediterranean digital baroque » à Londres à la David Gill Galleries. J’avais créé une forêt fantastique en céramique avec des couleurs de bonbons.
Dans cette dernière installation, j’ai introduit le premier onion toy avec à la fois un travail graphique et de design mobilier.
En ce moment je travaille sur plein de trucs différents, je design une bouteille pour Danone (Evian), une nouvelle collection d’articles de salle de bains très spéciaux pour une marque espagnole, j’ai aussi designé une nouvelle collection de lampes « Josephine », et les nouvelles collections d’Onion : Oli et Osi fr pour le marché international.
Je vais aussi faire une installation monocolore de meubles à Milan, et quelques autres expos pendant le festival musical Sonar à Barcelone et à Miami pendant le « Art fair ». Ce sont tous mes plans, je suis très occupé !!
Pourrais-tu nous décrire ton univers artistique ?
J’essaie de me concentrer sur mes propres critères, de sélectionner les choses qui m’inspirent, des objets fous du passé. Je regarde les détails, comment marchent les choses, comment réagissent les personnes sur les choses, les sentiments humains m’intéressent.
Mon travail est plein de couleurs et d’énergie, j’essaie de combiner mon style graphique et ma vision des meubles. Je me demande comment les objets de l’habitat peuvent être représentés de manière différente. Je déteste le global et j’adore l’unique, le spécial.
Ton inspiration semble venir du cubisme, mais qu’est-ce qui t’inspire à part ça ?
Pas du tout, mon style graphique est très intuitif, je le ressens un peu comme méditerranéen avec des racines espagnoles mais elles sont mélangées au graphisme japonais et à l’ère du robot.
Je décris mon style comme « Mediterranean digital baroque ». Ce que je fais vient vraiment de mon intérieur, c’est vraiment intuitif, je suis mon instinct, je n’ai jamais vraiment aimé le cubisme.
Comme tu es un artiste espagnol, as-tu pris part à La Movida ou étais-tu trop jeune ?
J’étais trop jeune à cette époque, mais l’énergie est toujours présente actuellement.
Tu travailles toujours pour la Fabrica ?
Non j’ai travaillé à la tête du département design de 1997 à 2004, mais c’est terminé.
Peux-tu nous expliquer quel est le concept derrière Misstake, et pourquoi cette aventure s’est terminée récemment ?
J’ai commencé l’entreprise Misstake en Italie avec de très bons artistes, en tant qu’expérience collective pour créer du merchandising fondé sur nos styles. Notre partenaire commercial, qui possède l’entreprise maintenant, ne comprenait pas vraiment la beauté du projet, comme ça arrive souvent dans les projets de création, on a donc du arrêter, ce fut une big misstake :)
Quand es-tu décidé de créer des toys ?
C’est arrivé en 2001 après avoir participé à la conférence IDN à Hong-Kong. J’ai été très intéressé par l’idée de créer des éditions limitées de mon art, démocratisées grâce au vinyle.
Tu peux nous donner une liste exhaustive des jouets que tu as produits ?
J’ai fait plein de modèles de Qee, comme le Digital, France, Misstake en plusieurs couleurs en 2 et 8 inches, et bien sûr les Onion figures qui commencent en ce moment.
Quel est ton principal but à travers la création de toys ?
Pour moi c’est le principal moyen de mixer ce que j’aime en formes et graphiques dans un univers personnel. Pour moi c’est une vraie expression artistique, les toys sont une part de mon monde avec mes installations et mes éléments de mobilier.
Quel est le concept de l’Onion ?
Il semble que tu aies produit d’énormes figures en céramique pour une expo, et que les Onions soient l’adaptation à une échelle réduite.
J’ai fait quelque chose de similaire pour une installation à Venise, mais les figures n’avaient ni bras ni jambes.
Le toy s’appelle Onion en honneur de mon frère qui s’appelle Cebollo (Onion en espagnol). Pour moi les Onions sont plus qu’une comic figure en vinyle, ils sont une nouvelle vision dans l’art décoratif dans une ère post-industrielle. Plus unique et limité, ils sont un nouvel outil pour exprimer mes sentiments et goûts personnels. J’essaie vraiment de ne pas faire une histoire du début à la fin, comme dans le monde des comics. J’essaie d’inventer mon propre onion world pas à pas, et j’aime ce feeling, c’est plus fun, l’onion est de l’art.
Un des baselines de l’onion est « FUCK THE HUMAN RACE », penses-tu qu’un jour les toys ou les machines vont contrôler le monde ? Peux-tu nous expliquer cette phrase ?
C’est possible, ils contrôlent déjà beaucoup de choses.
Es-tu un toys’ addict ? Si oui, à quoi ressemble ta collection ?
Je ne suis pas du tout addict, je suis plutôt addict à d’autres choses.
Quel est le challenge de designer des toys pour toi en tant qu’artiste ?
Mon challenge est de créer un objet qui deviendrait une icône de la société d’aujourd’hui. Je pense que j’en serais très content, mais mon intérêt principal en tant qu’artiste et designer est de faire des jouets desquels je puisse être très fier et qui m’apprennent quelque chose de nouveau ainsi qu’à la personne qui les achète.
Quelles sont tes relations avec TOY2R ? Comment expliques-tu que TOY2R travaille maintenant de plus en plus avec des designers occidentaux ?
Elles sont très bonnes, Raymond Choy est un bon ami. Pour moi c’est normal, il y a beaucoup de très bons designers en Occident, et c’est mieux pour eux, ça crée une plus grosse entreprise avec une vision internationale. Ça me plait.
Il y a deux fameux character designer chez TOY2R que sont ROLITO et TOUMA, que penses-tu d’eux ?
Je pense que Touma et Rolito sont tous deux très créatifs, marrants et cool avec deux styles bien différents, CHAPEAU (en français dans le texte)
Tu es allé voir TOY2R avec un projet de toy ou ils t’ont contacté directement pour travailler avec toi?
On a commencé ensemble. C’était très fun.
Travailler par exemple avec TOWER RECORDS c’est contraire à tes opinions artistiques ou tu penses que tu dois utiliser tous les moyens possibles et donc par exemple des grosses entreprises pour diffuser tes visions artistiques à une audience élargie ?
Etant donné que le projet TOWER RECORDS est une édition limitée pourquoi ne pas le faire, j’aime bien les collaborations, c’est productif et tu peux apprendre beaucoup avec des grosses entreprises. Le truc important c’est d’être toi-même en face de n’importe qui, ton âme et ton identité seront toujours énergiques et vivantes.
Tu voudrais travailler avec des grosses entreprises en addition ou tu préfères travailler en indépendant avec le contrôle complet de travail ?
Les deux me vont.
Que penses-tu de l’évolution de la scène des Toys Designers ces derniers mois ?
Ça devient tellement fashion… Je ne pense pas que ça soit très bien, parce que j’ai vu de tant de mauvais produits dernièrement…c’est dommage.
J’aime bien que ce soit underground, exclusif, avec charme et qualité.
Quels conseils pourrais-tu donner à quelqu’un qui souhaite créer ou produire des toys ?
Essaie de faire ce que tu ressens vraiment. C’est la seule vraie manière pour être innovant. La première règle pour réussir est d’avoir le courage d’introduire ses propres intuitions et idées.
Quel(s) artiste(s) aimerais-tu voir designer des toys ?
Maurizio Cattelan et Jeff Koons. J’aimerais bien voir aussi Phillip Stark faire un toy.
Avec quel(s) artiste(s)/toydesigner(s) es-tu lié?
Avec Devil Robots, the IDN Family, Rolito, Touma, Run, Mad Barbarians et plein d’autres amis.
Quel toy t’a le plus impressionné ces derniers mois ?
Le gorille de James Jarvis, qui est très nice. C’est un designer très spécial.
Quel est ton toy favori de tous les temps ?
Mazinger Z.
Avec quel toy designer aimerais-tu travailler ?
Shin des Devil Robots et James Jarvis.
Qui sont tes artistes classiques favoris ?
Marcel Duchamp.
Qui sont tes artistes modernes favoris ?
Jeff Koons.
Comic writers/drawers/mangakas ?
Je n’ai pas vraiment de favoris.
Quels sont tes films préférés ?
Les films d’action, j’adore ça.
Website favori ?
Pedrita.com
Films d’animation favoris ?
Je n’ai pas de favori.
Manga and comics favoris ?
Je n’ai pas de favori.
Quelles sont tes marques préférées (vêtements, sneakers, nourriture) ?
Viktor and Rolph, belle qualité et comme des garçons.
Quel est ton shop favori ?
Un petit shop qui vend des sandwiches avec du calmar à Madrid à la Plaza Mayor.
Quels sont tes disques/groupes favoris ?
V2.
Quelles sont les matières que tu préfères travailler ?
Céramique et plastique.
Comme tu as voyagé et travaillé dans beaucoup d’endroits, quels sont ton pays et ta ville préférés ?
Tokyo, Honk-Kong, Madrid, Paris.
Aujourd’hui tu vis à Barcelone, penses-tu que Barcelone soit une ville spéciale pour les graffiti artists ou les artistes en général? Si oui, comment explique-tu cela ?
Je pense que Barcelone est une super ville avec des vibes internationales et une culture locale à partir de racines très intéressantes.
Que peut-on attendre de toi dans un futur proche (question toys) ?
De rêver et de m’amuser avec mes nouveaux trucs.
Dernière question, que penses-tu de Panda-Z ?
Ça ne m’intéresse pas trop.
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